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01 décembre 2018

L'ARGUMENT DE LA COHÉRENCE : SES LIMITES....

TRIBUNE LIBRE

 
mouvement démocrate,politiqueNous sommes dans une impasse, et elle est violente.
 
La responsabilité du chef de l’État est d’en sortir le pays. Même s’il est très seul. 

On finit toujours par tuer les porteurs de mauvaises nouvelles, en espérant qu’elles disparaîtront avec lui. On reproche ainsi aux chaînes d’information en continu de montrer complaisamment les scènes de vandalisme, et ainsi de les encourager, comme si l’humanité avait attendu la création de BFM TV pour se livrer à la violence, l’une de ses constantes passions. Il est, au contraire, utile de donner à voir les débordements d’un conflit, afin que les citoyens et les dirigeants regardent en face chacune de ses réalités.

L’écrasante majorité des Gilets Jaunes ne voulait pas qu’on attaque des policiers, ni qu’on souille l’Arc de Triomphe, ni qu’on incendie des voitures, ni qu'on pille des magasins ou qu'on incendie des résidences privées.
 
Mais chacun savait pertinemment que le risque de voir se répéter les actes de violence de samedi dernier était maximal. Ce danger n’a pas dissuadé pour autant les Gilets Jaunes de manifester de nouveau au cœur de Paris ; il n’a pas empêché un ancien Président de la République - François Hollande - d’encourager le mouvement ; il n’a pas conduit davantage les dirigeants de l’opposition à choisir la voie de la responsabilité et de la dignité.
 
Une classe politique qui attise les braises pour précipiter l’alternance ou l’avènement d'un "grand soir" inespéré, et des Gilets Jaunes qui ne parviennent pas à sortir d’une colère sincère pour enfin faire de la politique, comme il se doit en démocratie : le Président de la République est le seul capable de sortir le pays de cette impasse. Et c’est son rôle.
 
Or, sa dernière intervention sur la transition énergétique n’a fait que radicaliser le mouvement : il ne peut opposer éternellement sa cohérence face à une révolte, ni la raison face aux passions.
 
Il faut qu’il fasse, lui aussi, de la politique, en prenant une initiative forte. Or il ne s’est pas adressé une seule fois aux Français, directement, les yeux dans les yeux, depuis le début du mouvement.
 
Ceci est étonnant. Est-ce une stratégie ? N'a-t-on pas atteint ses limites ? L'avenir nous le dira bientôt.

25 novembre 2018

LES SANGLOTS LONGS....

TRIBUNE LIBRE

"LES SANGLOTS LONGS...."

par François VAN DE VILLE


La journée de ce long et triste samedi 24 Novembre 2018, devant les images largement relayées de ce qui se passait à Paris, ont fait ressurgir en moi ce poème de Paul Verlaine ("Chansons d'automne") :

"Les sanglots longs des violons de l'automne blessent mon cœur d'un langueur monotone".

Et de me rappeler que cette même strophe avait été utilisée le 5 Juin 1944 par les Alliés pour annoncer le débarquement du lendemain en Normandie. La France allait-elle vivre un nouveau bouleversement similaire à celui du 6 Juin 1944 où tout devait être renversé ?

...../.....
 
Suite de ce billet de François VAN DE VILLE sur le lien suivant :

http://www.francois-van-de-ville.com/archive/2018/11/25/les-sanglots-longs-6108151.html

 

23 novembre 2018

LA FRANCE PÉRIPHÉRIQUE À PARIS

TRIBUNE LIBRE

"LA FRANCE PÉRIPHÉRIQUE À PARIS"

par Jean-Michel Bretonnier

gilet.jpgLes Gilets jaunes quittent aujourd’hui leurs ronds-points pour monter à Paris : Ils prennent le risque de se compter et d’afficher leurs divisions.

Emmanuel Macron a voulu qu’on sache qu’il annoncerait, mardi, des propositions pour rendre la transition écologique "juste, équitable et démocratique". Une manière de ne pas renoncer à ses ambitions écologiques et de se soucier (même si c'est un peu tard !) de leur accompagnement social et politique. Il ne se fait vraisemblablement pas d’illusion pour autant sur sa capacité à dégonfler la mobilisation dès aujourd’hui : il se contenterait même de ne faire baisser qu'un peu la pression.

Ce week-end, la parole et l’action sont donc encore aux Gilets Jaunes. Ils se savent épiés. Ils ont tenu jusqu’ici, malgré un inévitable essoufflement. Ce mouvement social "de proximité", qui refuse farouchement tout soutien politique ou syndical, qui rejette tout candidat au leadership, qui n’aime pas les têtes qui dépassent, qui n’a formulé aucun cahier des charges centralisé, qui accueille en son sein des mamies modérées et des "justiciers"  anti-migrants, quitte aujourd’hui ses ronds-points pour monter à Paris.

Ce faisant, il prend des risques : celui d’être débordé par des casseurs qui profiteront de l’inexpérience des manifestants. Celui aussi d’offrir le visage d’un mouvement incapable de se fédérer si les points de rassemblement sont multiples, alors que la profusion des actions témoignait jusqu’ici de la spontanéité et de la généralisation d’une colère. Encore aussi le risque de se voir enfin compté, et de souffrir de la comparaison avec quelques grands et historiques rassemblements près desquels il ferait pâle figure.

Toujours soutenu cependant par une majorité de Français, le mouvement, s’il était "classique", devrait déboucher sur des acquis. Mais il n’est pas "classique" du tout et hors toutes normes connues. Ce mouvement est l’expression spontanée et vague d’une vraie colère, qui ne remonte pas à la dernière élection, et qui ne retombera pas de sitôt.

Les préparations des fêtes de fin d'année risquent fort d'être plus que perturbées.

16 novembre 2018

LES GILETS JAUNES : QUEL AVENIR ?

LES GILETS JAUNES : QUEL AVENIR ?

gilets.jaunes.jpgLes gilets jaunes sont un mouvement populaire qui, à force de ne plus croire en la politique, s’en prend apparemment à la société  elle-même.

C’est un mouvement tout-à-fait inédit de par sa forme privée de tout leader, et étonnant de par l'origine et la soudaineté de son émergence.

Les gilets jaunes se définissent comme des "citoyens ordinaires" qui décident de bloquer - un samedi ! - les routes de France : donc ils s’en prennent de fait à eux-mêmes. Sans moquerie aucune face à cette spontanéité qui inspire grand respect et force à la réflexion, on pourrait dire que ce mouvement constitue une sorte d'anthropophagie sociale. Ce phénomène n'est pas nouveau dans l'histoire de nos sociétés. Mais quel avenir peut accorder à ce soudain appétit si on se réfère précisément à l'histoire des précédents mouvements identiques et qui tous.... ?

En effet, c'est la société qui fait grève contre elle-même. Et un tout récent sondage (France Info et Le Figaro) affirme même que 74 % des Français se disent favorables à ce mouvement.

Ceci est révélateur de la profondeur du trouble qui frappe actuellement une large partie de notre pays.

La sympathie de ce mouvement pour une fronde spontanée et populaire semble cependant être proportionnelle à la méfiance que lui inspire tout ce qui est "politique" et "institutionnel". La forme "disruptive" de cette grogne massive a même poussé le Président de la République à un aveu d’échec : "Je n’ai pas vraiment réussi à réconcilier le peuple français avec ses dirigeants".

Cet aveu est, certes, transitoire, mais il n’en est pas moins terrible venant d’un homme, devenu Président pour avoir précisément compris, au moment où il faisait campagne, à quel point les Français étaient déçus par les "politiques", et avoir su leur faire espérer une autre façon de diriger le pays.

L’une des sources de son échec actuel est d’avoir cru qu’il serait capable d’instaurer une relation forte et directe avec un pays qui se serait lui-même "mis en marche". La fusion de son talent personnel, doté d'une exceptionnelle intelligence, portée ensuite par le génie d’un peuple, aurait certes produit des miracles, surtout quand les intermédiaires (partis politiques, élus locaux, syndicats), ou ils le suivaient, ou ils étaient tous emportés par cette déferlante de la transformation.

Les choses, hélas, ne se sont pas passées comme il l'espérait. Et aujourd'hui, Emmanuel Macron semble vouloir s’appuyer de nouveau sur ces forces-là; avec des partis politiques en panne généralisée d’inspiration, des élus locaux fatigués, et des syndicats en pleine panade.

On se trouve donc, aujourd'hui, dans la situation où il n’y a plus rien, ni personne, pour canaliser la colère et les aspirations populaires. Ainsi sont nées aujourd'hui les vestes jaunes, mais elles aussi frappées à leur tour par l'absence totale de ligne conductrice organisée et réfléchie, et de tout interlocuteur pour fixer un nouvel horizon à ces légitimes aspirations.

Quel avenir à tout cela ? La boule de cristal n'apporte aucune réponse à cette question. Seule la volonté de tous les citoyens, libérés des multiples influences ou volontés opportunistes de récupération partisane, fera surgir ce nouvel horizon espéré. Vaste ambition que voilà !

F. VDV

11 novembre 2018

LES CAVALIERS SEULS

LES CAVALIERS SEULS

nationalisme.jpgL'attitude particulièrement méprisante de Donald Trump, depuis son arrivée à Paris vendredi et précédée d'un tweet insultant pour son hôte et jusque ce dimanche 11 Novembre - comme, dans une moindre mesure, celles plus prudentes mais non mois significatives des Poutine ou Netanyahou (pour ne citer que les principaux) - ont illustré le retour des égoïsmes nationaux dénoncés brillamment par Emmanuel Macron et Angela Merkel.
 
Que faut-il retenir de cette journée de commémoration du centenaire de l’Armistice ?

L’image de ces soixante-dix chefs d’État et de gouvernement remontant à pied vers l'Arc de Triomphe, sous une pluie battante et au son des cloches de Notre-Dame retransmises jusque là et rappelant celles qui résonnaient au même instant il y a 100  ans, a été un moment fort, rempli d'une émotion prenante. Puis a suivi celle d'un Donald Trump, faisant cavalier seul, au milieu d'un cortège outrancieusement tankerisé et éloigné de celui pourtant prestigieux qui l'avait précédé, entaché aussi depuis la veille par son absence remarquée d'une cérémonie dans un cimetière où reposent des milliers de soldats américains tombés sous la mitraille de 14-18.... mais absent de cette cérémonie sous prétexte de pluie (!), puis encore son autre absence aux côtés des autres invités d’Emmanuel Macron participant au premier Forum de la Paix. Que dire ? L'on en reste pantois.

On ne saurait se montrer plus "insultant", pour reprendre le vocabulaire du Président américain, à l’égard du multi-latéralisme, ce principe sur lequel repose, malgré ses lourdeurs et ses lenteurs, la paix dans le monde depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, guerre que les dirigeants des années 20 et 30 avaient pourtant vu venir, tout en étant incapables d’en arrêter la mécanique infernale.

Les années 30 ? Voilà qu’elles se rappellent aujourd'hui à notre souvenir dans les discours entendus hier avec beaucoup de justesse.

Celui d’Emmanuel Macron, soulignant que "le patriotisme est l’exact contraire du nationalisme" et que ceux qui disent "nos intérêts d’abord" vont à l’encontre des "valeurs morales" de toute Nation. L"America First" de Donald Trump était clairement visé, comme d'autres nationalismes exacerbés et représentés hier par leurs sombres figures.

Celui d’Angela Merkel qui s’inquiète, de son côté, de voir la coopération internationale "et même le projet européen de paix" aujourd’hui remis en question.

Celui, enfin, du Secrétaire Général des Nations Unies, Antonio Guterres, évoquant, lui aussi, les années 30 et cet "engrenage invisible" qui a conduit à la guerre malgré les "plus jamais ça" de 1918.

Les "passions tristes" et les "anciens démons, que la France et l’Allemagne ont su ensemble conjurer, sont toujours à l’œuvre, même au cœur de notre Europe, voulue et bâtie précisément pour les en chasser.

Mais, de cela et de ces démons renaissants à l'évidence, Mr Donald Trump - et ses affidés idéologiques - s’en moquent totalement, enfermés qu'ils sont dans leur populisme racoleur.

Si l'on n'y prend pas garde d'urgence, il y a danger. L'Europe est et doit rester notre rempart : car il n'y en a pas d'autres.

F.VDV

08 novembre 2018

HISTOIRE ET POLÉMIQUE

HISTOIRE ET POLÉMIQUE

mouvement démocrate,politiqueEmmanuel Macron juge "légitime" d’associer le Maréchal Pétain à l’hommage militaire rendu aux Invalides à Paris, ce prochain samedi, à tous les vainqueurs de 1918, soldats comme à leurs chefs sans exception aucune, à l'occasion de la commémoration du 100° anniversaire de l'armistice mettant fin à l'un des plus importants charniers de l'Histoire de l'Europe.

Comme on pouvait s’y attendre, cette déclaration a ranimé la flamme de la polémique autour d’un invité posthume encombrant, Philippe Pétain, même si le Président Macron n'a pas prévu y assister et ne sera représenté que par son chef d'état-major.

Pour le Président de la République, rattrapé par le sujet lors de toutes ses étapes de Charleville-Mézières à La Flamengrie, cet hommage est donc "légitime", s’agissant de celui qui a été "pendant la Première Guerre mondiale un grand soldat", avant ses "choix funestes" qui l’ont conduit à la collaboration avec l’occupant nazi en 1940.

Pour beaucoup de voix à gauche, comme pour le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), Vichy aurait donc effacé Verdun, et la condamnation à l’indignité nationale prononcée à la Libération par un Tribunal contre l’ancien héros de la Marne devenu complice, vingt-deux ans plus tard, de la déportation des juifs français, ne saurait être levée, fût-ce le temps d’une cérémonie commémorant ses faits d’armes antérieurs.

Mais le CRIF ignore que Montesquieu prévenait, déjà en son temps, qu'un "peuple connait, aime et défend toujours plus l'image gravée dans sa mémoire que les lois", même celles prononcées par un Tribunal quel qu'il fut. Et l'image du vainqueur de Verdun est restée gravée dans notre Histoire par dessus les vicissitudes, même condamnables, qui ont suivi son parcours lors de son naufrage de fin de vie.

Hier encore, dans l’Aisne, Emmanuel Macron a dû revenir de nouveau sur le sujet brûlant pour dire : "Je ne pardonne rien mais je ne gomme rien de notre histoire".

Comme l’ont fait, bien avant lui, tant le Général de Gaulle lui-même, que Pompidou, Giscard d'Estaing et François Mitterrand - qui, tous, avaient connu les deux guerres et les deux faces du Maréchal - Emmanuel Macron a rappelé à son tour cette page de notre Histoire. De Gaulle disait même de Pétain, en 1966, que "la gloire qu’il acquit à Verdun (…) ne saurait être contestée ni méconnue par la Patrie". Et Mitterrand, au grand dam de sa famille politique, fit longtemps fleurir chaque 11 Novembre, pendant 14 ans, la tombe du Maréchal à l’île d’Yeu…

La reconnaissance, beaucoup plus tard en 1995, par Jacques Chirac de la responsabilité de l’État français et de son chef de l’époque dans la déportation des juifs français aurait donc dû clore définitivement le débat. Mais ce débat revient aujourd’hui de plein fouet.

Faut-il s'en étonner ?

Non, l'Histoire, et particulièrement dans ses commémorations, ne peut rien oublier, ni ses parts de lumière ni celles de ses ombres : les deux restent intimement liées l'une à l'autre, et elles continuent même de s'expliquer indissociablement l'une par l'autre. Aucun oubli n'y a donc sa place.

F.VDV

 

05 novembre 2018

François BAYROU sur France Inter

QUESTIONS POLITIQUES

À écouter l'entretien de François Bayrou lors de l'émission du 4 Novembre 2018 sur France Inter.

Une émission majeure à connaître.

Lien Vidéo : https://www.dailymotion.com/video/x6wnjdl

04 novembre 2018

SE RAPPROCHER DE L'HISTOIRE

TRIBUNE LIBRE

"SE RAPPROCHER DE L'HISTOIRE"

par Jean-Michel Bretonnier

La célébration de l’armistice cumule les symboles, comme s’il y avait un doute sur nos capacités à prendre la mesure de l’histoire.

mouvement démocrate,politiqueToute initiative du Président Macron est aujourd’hui jugée à l’aune de son impopularité. Ce serait chaque fois sa dernière chance de rompre avec la poisse qui lui colle à la peau depuis l’été. Certains voudraient faire entrer ce long périple destiné à célébrer le centenaire de l’armistice de la Grande Guerre dans cette catégorie. Pourtant, cette «itinérance mémorielle» avait été décidée bien avant que les déboires ne s’abattent sur la Présidence de la République.

En réalité, le chef de l’État ne peut pas rater ce rendez-vous avec l’Histoire. Même s’il a comme espoir secret une reconquête de l’opinion, il investit autre chose que sa personne dans ce parcours de six jours sur la portion de France qui a le plus souffert de la Première Guerre mondiale. Ce sont tous les Français, qu’ils aient ou non voté pour Mr Macron, qui rendent hommage, avec lui, aux innombrables victimes d’un conflit qui fut aussi absurde que dantesque.

Il y a même pléthore de symboles, comme si les penseurs de cet événement étaient pessimistes quant à notre capacité à prendre la mesure de l’histoire et qu’il faille en rajouter : hommage aux Poilus sur les champs de bataille et les villes martyres, consécration de la réconciliation franco-allemande le 11 novembre à Paris et dans la clairière de Rethondes, multilatéralisme au service de la paix avec un forum de chefs d’État, reconnaissance du sacrifice industriel d'une vaste partie de la France et de sa renaissance, etc.

Ce chef de l’État (ce pourrait être un autre), qui dormira plusieurs jours dans des sous-préfectures, loin de l’Élysée, on voudrait même l’imaginer sans portable et serein, sans selfie et sans stress, au contact direct des Français et en prise avec l’histoire. Conditions indispensables pour faire une bonne politique, mais empêchées par les tyrannies de l’instant et de l’image.

30 octobre 2018

Du DIESEL et des CLOPES

Du DIESEL et des CLOPES

L'exécutif semble ne pas comprendre que les Français n’acceptent pas d’être pénalisés de rouler au diesel, après y avoir été, il y a encore peu, vivement encouragés.

En croyant attaquer le Président des Républicains - Mr Laurent Wauquiez - Mr Benjamin Griveaux s’en est pris de fait à une bonne partie des français.

Mr Wauquiez, tirant à boulets rouges (comme il en est coutumier sur n'importe quoi) à propos de la décision du pouvoir de taxer le diesel, en guise de riposte et pour justifier le choix d’une fiscalité écologique ("le diesel qui pollue") et salubre ("le tabac qui tue"), Mr Griveaux qualifia Mr Wauquiez de "candidat des gars qui fument des clopes et qui roulent au diesel". Et de conclure que "ça n’est pas la France du XXIe siècle que nous voulons".

La France du XXIè siècle, pour Mr Griveaux, c’est probablement celle qui circule en trottinette électrique dans les rues de Paris et, peut-être aussi, celle qui ne fume pas de cigarettes. C’est, peut-être encore, celle qui peut avoir tendance à se prendre pour une avant-garde dont la mission serait de sauver la planète.

Mr Griveaux a raison : cette France-là existe bien, et c'est fort heureux. Mais elle est aussi utile qu’elle peut être horripilante dans son zèle écologiste. Mais il existe aussi une autre France, plus nombreuse que la première, tout aussi utile que celle qui bannit le diesel : celle qui continue de rouler en voiture diesel. Et puis encore, il existe aussi une autre France, pas forcément la même : celle qui n’a pas encore arrêté de fumer.

Les Français qui roulent aujourd'hui au diesel ont pour le moins deux raisons de le faire : d’abord parce qu’ils ont, trop souvent, besoin de leur voiture pour se rendre au boulot ou pour leurs besoins familiaux, ensuite parce qu’on les a incités à utiliser le gazole, considéré comme moins polluant que l’essence (le moteur diesel consommant en effet moins que le moteur à essence)…. jusqu’à ce qu’on proclame aujourd'hui tout le contraire !

Alors, en attendant de pouvoir s’acheter une "Tesla" - ce qui n’est pas demain la veille, - les français continuent de rouler aussi en diesel. Et quand ils passent à la pompe, ils constatent que le plein a augmenté de 21% en un an : c'est beaucoup, beaucoup plus que leur pouvoir d’achat ne peut le supporter.

En attendant de rentrer dans les clous du "bon Français" du XXIe siècle, ceux-ci ont donc droit, aujourd'hui, au mépris de M. Griveaux pour qui la France rêvée ne sent ni le gazole ni le tabac froid.

F.VDV

27 octobre 2018

ÉLECTION EUROPÉENNE & STRATÉGIES

ÉLECTION EUROPÉENNE & STRATÉGIES



L’opposition progressistes/nationalistes aux européennes de 2019 mobilisera les soutiens naturels du Président Macron, mais elle risque d’effrayer ceux qui ont déjà peur.

C’est au cœur même du noyau nationaliste européen, en Slovaquie, que le Président de la République française s’est dressé contre « les démagogues qui ciblent l’Europe ». La campagne pour les élections européennes se profile déjà.

Il faut planter dès à présent le décor : pour Emmanuel Macron, c’est celui qui verra s’opposer les progressistes et les nationalistes. S’il est difficile de nier que cet affrontement aura bien lieu, présenter ces élections sous une forme aussi manichéenne peut présenter quelques inconvénients. C’est ce que tente, depuis un certain temps, de faire valoir le MoDem face à ses partenaires de La République en marche.

Le Président Macron est sincèrement européen et résolument partisan d’une économie et d’une société ouvertes. De surcroît, tactiquement, il se verrait bien rééditer le duel avec le Rassemblement national (ex-FN) dont il était sorti vainqueur à la présidentielle. Il a, en outre, tout intérêt à éviter une campagne sur des sujets franco-français où voudront l’entraîner ses nombreux adversaires, tant sa côte de popularité, et ses résultats économiques qui tardent à apparaître, le font sombrer dans les sondages.

Pourtant si, à l’élection présidentielle, il s’agissait d’arriver dans les deux premiers pour ensuite battre, au second tour et sans difficulté, la candidate d’extrême droite...., aux élections européennes, l'élection n'est qu'à un seul tour : il s’agira donc, pour Mr Macron, d’arriver en tête et le plus largement possible.

La ligne "progressisme" contre "nationalisme" suffira-t-elle ? Le noyau "macroniste", très européen, très libéral, suivra avec enthousiasme. Mais le thème du progressisme pourrait, non seulement ne pas fédérer au-delà, mais faire peur. Le risque existe, on ne peut le nier.

Hormis ceux qui sont à l’aise dans une économie mondialisée, mais aussi une société numérisée et en pleine évolution au plan des mœurs, les Français verront le progressisme comme une fuite en avant.

Alors les français ont besoin d’Europe, sans doute, mais surtout d'une Europe qui rassure et exige en même temps ouverture et protection.

F.VDV